samedi 10 mai 2014

La Lune Noire




Cosmographie de la Lune Noire :

Les lois des mathématiques célestes nous enseignent que les révolutions des planètes de notre système solaire autour du Soleil, ne s’effectuent pas selon des orbites circulaires, mais qu’elles suivent des trajets elliptiques.
C’est ainsi, par exemple, que la course de notre Terre autour du Soleil, ne peut se représenter par un cercle parfait dont le Soleil occuperait mathématiquement le centre, mais au contraire, elle suit le dessin d’une ellipse. C’est-à-dire le tracé d’une courbe à la semblance d’un cercle quelque peu allongé. Le graphique ci-dessous représente une ellipse : 


Il en est exactement de même du chemin que parcourt la Lune autour de la Terre, qui n’est pas celui d’une circonférence mais celui d’une ellipse.
Or, c’est à partir de ces connaissances cosmographiques que nous allons pouvoir déterminer ce qu’est la “Lune Noire” et qu’elle est son action.
En effet, pour obtenir le tracé d’une ellipse il faut utiliser deux centres plus ou moins éloignés selon que l’ellipse est plus ou moins aplatie. Ces deux centres figurent ce qu’on est accoutumé d’appeler les deux “foyers” de l’ellipse.
Dans le cas qui nous intéresse ici : celui de la révolution de la Lune autour de la Terre, le premier foyer de la route elliptique de la Lune est précisément constitué par notre globe terrestre. De telle sorte que grâce à la connaissance de la position de la Terre relativement à la trajectoire lunaire il est aisé de déterminer exactement l’emplacement du second foyer. Si l’on se livre à une observation céleste de ce lieu mathématiquement précisé, on s’aperçoit qu’à l’endroit du second foyer de l’orbite lunaire il n’y a rien. Strictement rien, ni corps planétaire, ni débris d’étoiles, ni même le moindre petit rocher : RIEN !

Et c’est à ce “rien” que l’on a donné le nom magique et attirant de “Lune Noire”. Voir graphique ci-dessous : 


Apogée : nom masculin (grec apo, loin de et gê, Terre). Point où la Lune ou un satellite artificiel en orbite autour de la Terre atteint sa distance maximale par rapport à celle-ci.
Périgée : nom masculin (grec peri, autour et gê, terre). Point de l’orbite d’un corps gravitant autour de la Terre le plus rapproché de celle-ci.          
La ligne des apsides c’est le grand axe de l’écliptique qui relie les deux foyers.
Ainsi, à la vue du graphique ci-dessus, nous voyons le tracé de l’orbite elliptique de la Lune autour de la Terre. Un des foyers est celui où est la Terre et le second est le lieu de la Lune Noire.
Nous voyons aussi que, lorsque la Lune est au périgée, elle est au plus près de la terre et lorsqu’elle est à son apogée, elle en est le plus éloignée et elle est au plus près du second foyer qui est le lieu de la Lune Noire.

La Lune Noire au sens Métaphysique :

Ainsi donc, déterminer la position de la Lune Noire dans une carte céleste revient à déterminer un point vide ! Cependant ce point est virtuellement existant puisque mathématiquement calculable, mais matériellement inexistant puisqu’il n’épouse que le vide et le rien. Gardons-nous cependant de conclure, trop précipitamment que parce qu’il n’y a rien, ce n’est rien. Que parce que c’est un point vide de corps matériel visible, c’est un point conséquemment vide de sens, car ce serait en vérité trop vite et trop légèrement extrapoler.
Selon Saint-Jean de la Croix, il y a en cet univers les choses visibles, qui selon lui n’existent pas, et les choses invisibles qui, selon lui, seules existent.
De telle sorte que l’on comprend que grâce à ce point mathématiquement calculable dans l’espace nommé la “Lune Noire”, on passe du monde à trois dimensions physique, matérielle, visible, tangible à un autre monde, invisible cette fois, et tout immatériel. Ainsi, grâce à l’ellipse orbitale lunaire dont deux foyers sont, je le répète : l’un la Terre, l’autre la Lune Noire, on comprend qu’en passant de la Terre à la Lune Noire on passe de la représentation du visible à la représentation de l’invisible à nos yeux et impalpable à nos mains, mais cependant discernable à notre esprit, puisque mathématiquement calculable et sans doute bien influente à notre âme.
On ne peut en effet négliger cette présence invisible de la Lune Noire et l’on est même obligé de convenir qu’elle doit être en vérité d’une grande puissance, puisqu’à elle seule elle détermine l’ellipse de la Lune et elle constitue un centre suffisamment agissant pour qu’il ait pouvoir d’incliner notre satellite à poursuivre un chemin précis dans le ciel qu’il ne saurait en aucune façon poursuivre si la Terre seule existait.
Lorsqu’on réfléchit au problème de la Lune Noire, et qu’on élève suffisamment le débat pour sortir l’astrologie du seul domaine du visible et de la matière afin de l’élever jusqu’au seuil de la métaphysique, on comprend bien qu’il s’agit avec elle de la preuve de l’existence effective du monde de l’invisible et de l’action, non négligeable, que ce monde de l’invisible exerce sur le monde du visible.
Or, qu’est-ce qu’une action qui s’exerce au niveau de l’orbite d’un corps céleste ? Si ce n’est l’intervention du nombre et du rythme sur les choses matérielles. Car n’oublions pas que c’est à partir de la loi des nombres et des rythmes que s’est constitué l’univers du visible, et que c’est sur cette seule grande loi qu’il repose. Et dans le même temps prenons conscience que c’est cette loi des nombres et des rythmes qui précisément constitue l’univers de l’invisible. Qui dit nombre et rythme, ne dit rien en effet, qui soit palpable et effectif, cependant, du nombre et du rythme tout découle. Le nombre et le rythme sont créateurs et s’ils venaient à disparaître tout aussitôt s’arrêterait et s’abîmerait dans le néant.
Ainsi, lorsqu’on aborde la Lune Noire, centre invisible, mais agissant selon les lois des mathématiques célestes, on aborde la région des nombres et des rythmes. On entre dans cet univers parallèle à notre univers qui est à ce point puissant, déterminant, effectif, qu’il incline nos vies à tourner comme elles tournent et guide nos destins en l’interminable spirale ellipsoïdale que nous devons franchir et en laquelle nous gravitons. Car c’est selon cette loi du nombre et du rythme que notre âme se meut.
Nous sentons déjà, au niveau de l’interprétation de la Lune Noire tout ce que ces simples remarques cosmographiques sur le sujet de l’ellipse et sur les conséquences du mouvement ellipsoïdal, vont revêtir par la suite d’important et jusqu’où elles vont nous mener, pour peu que l’on veuille bien les utiliser comme point de départ à des méditations ayant teneur métaphysique.
En somme, l’inexistence matérielle et effective de la Lune Noire n’est pas une preuve de l’inexistence de l’influence qu’elle peut exercer sur notre monde, mais la preuve que son action se doit d’être située sur un autre plan que le plan du visible.
Ainsi, lorsque dans une carte céleste on en vient par exemple à questionner les astres réels, c’est-à-dire ceux qui sont des corps physiques existant effectivement dans le ciel, que l’on peut voir à l’œil nu ou à travers l’oculaire d’un télescope, on reçoit tout naturellement réponse sur le sujet des choses de ce monde.
Tandis que, lorsque l’on aborde les astres qui n’existent pas, ceux qui n’ont d’autre existence que d’être un point d’influence cosmique immanent et virtuel et qu’aucune enveloppe matérielle ne recouvre, ce sont alors les choses de l’autre monde que l’on peut débattre avec eux. De telle sorte que ces astres qui n’existent pas que l’on nomme justement : les “Luminaires Noirs”, ce sont ces astres qui nous donnent en toute bonne logique des renseignements sur ce qui n’est pas matériellement pondérable, mais dont la force d’impact sur l’âme est suffisamment grande pour constituer ce que nous pourrions nommer : notre motivation de l’au-delà.
C’est d’ailleurs l’avis de René Guenon qui dans son ouvrage “Le règne de la quantité et les signes des temps” Édition Gallimard 1945, écrit :
“Les planètes décrivant des ellipses dont le Soleil occupe un des foyers, on pourrait se demander à quoi correspond l’autre foyer ; comme il ne s’y trouve effectivement rien de corporel, il ne peut y avoir là quelque chose qui ne peut se référer qu’à l’ordre subtil.” (page 136 – note 1)
Par conséquent, là où est la Lune Noire dans un thème, là est un problème qui concerne les deux extrêmes de la vision dialectique : soit l’anti-monde, soit l’autre monde, suivant le mode du vécu, qui concerne ce qui n’est pas visible aux yeux des vivants mais, qui constitue en quelque sorte notre secret dans l’autre monde : notre vérité de l’au-delà. Et quoique le calcul de la Lune Noire ne soit rien d’autre que le calcul d’une absence, compte tenu du fait, qu’il s’agit cependant du calcul d’un des deux foyers de l’ellipse orbitale lunaire, c’est-à-dire d’un point mathématique doué d’une action cosmique importante, le calcul de cette absence permet de situer le lieu d’une présence réelle lorsqu’on la transpose dans le monde des forces invisibles.
Jean Carteret, qui était un des grands spécialistes de la Lune Noire, disait à son sujet que c’était : “la présence de l’absence”. Phrase, on le comprend, qui est lourde de signification.
Mais là ne s’arrête pas le rôle de la Lune Noire. En effet, outre sa vertu influencielle au niveau des forces invisibles, elle est douée d’un second et non moins important pouvoir, qui est le pouvoir d’orienter un être humain par rapport à l’ensemble cosmique. A tel point que l’on pourrait dire, pour simplifier les choses, que là où est la Lune Noire dans un thème, là est la boussole qui permet à l’homme de se diriger par rapport au cosmos.
Je m’explique. Supposons que la Lune Noire n’existe pas, que se passerait-il en ce cas ? Eh bien, faute d’un second foyer, la Lune tournerait autour de la Terre selon un cercle parfait dont la Terre serait alors le centre. Or chacun sait qu’une orbite circulaire n’a pas d’axe et ne peut de ce fait subir ni orientation, ni direction, ni polarisation dans l’espace. En fait, un cercle apparaît comme quelque chose de très impersonnel incapable à lui seul de se situer par rapport à l’ensemble cosmique. De telle sorte que si le système Terre/Lune était circulaire il ne nous permettrait pas de situer l’être humain par rapport à cet ensemble cosmique.
Mais voilà qu’apparaît précisément la Lune Noire, second foyer de l’orbite lunaire et voilà que le cercle devient ellipse. Et chacun sait qu’une ellipse, déterminée qu’elle est par un grand axe et par un petit axe, et par là même susceptible d’orientation spatiale donc, de polarisation cosmique. Ainsi donc, voilà que grâce à l’apparition de la Lune Noire, le plan orbital de la Lune devient orientable dans l’espace. Voilà donc aussitôt grâce à la position de la Lune Noire dans un thème, et sa position en Signe, en Maison et en Aspects, voilà qu’un être humain devient orientable par rapport à l’univers cosmique.
Cela veut dire que si, avec la Lune l’individu était orientable par rapport au plan terrestre du visible et du quotidien, avec la Lune Noire il échappe au plan de la phénoménologie immédiate de ce monde à trois dimensions, puisque avec elle il est orientable par rapport au cosmique. Ceci est très important.
Si l’évidence de l’orientabilité possible de l’ellipse par rapport à l’inorientabilité du cercle ne vous apparaît pas immédiatement à l’esprit, il suffit de faire l’expérience suivante : placer en imagination sur une table des assiettes rondes sans aucuns motifs, et placez, près de ces assiettes un plat ovale et aussitôt l’évidence va vous frapper. A savoir que de quelque côté que l’on tourne les assiettes elles sont inorientables par rapport à la table, tandis que selon la façon dont on dispose le plat ovale, dont les contours sont précisément elliptiques, il sera toujours possible de l’orienter par rapport à la table. En effet, le plat ovale présente deux axes : un grand et un petit. Voir graphique ci-dessous :


Ainsi, on pourra par exemple l’orienter dans le sens de la longueur de la table, selon que le grand axe sera dans la longueur de la table. Ou encore, dans le sens de la largeur, de la diagonale ou autre, selon l’orientation du grand axe du plat.
C’est exactement ce qui se passe dans l’espace, dans cette grande table étoilée qu’est notre univers. Aussi, par rapport à cette grande table qu’est le cosmos, le plat ovoïde de l’orbite lunaire est-il toujours orientable. Et nous avons compris ipso-facto que la présence de la Lune Noire, quoiqu’elle soit présence de l’absence, permet l’orientabilité de l’âme humaine par rapport à la grande table de l’univers galactique, où sont posées les nourritures cosmiques, celles que l’on nomme “invisibles”, je veux dire le pain de l’âme.
Dom Neroman qui fut, pendant la période d’entre les deux guerres, l’un des promoteurs des recherches sur les luminaires noirs, ne fut pas sans remarquer que ce foyer constitué par la Lune Noire, quoiqu’effectivement vide, possédait ainsi qu’il l’écrivit : “l’utilité pratique de polariser l’ellipse”.
“Polariser ellipse”, c’est très intéressant car cela signifie : l’orienter dans le cosmos. Ainsi, avec la Lune Noire il s’agit de la polarisation d’une âme dans l’espace infini. Ce sont ces renseignements-là que nous donne la position de la Lune Noire dans un thème.
Avec la Lune Noire il ne s’agit donc pas de situer l’homme par rapport aux choses de ce monde, mais bien plutôt de situer l’âme par rapport aux choses de l’autre monde. Tel est notre propos.
En effet, la Lune Noire ne nous donne pas de connaître les modalités terrestres de cette seule vie, mais le rôle que l’âme est appelée à jouer quand elle sera livrée au grand TOUT et le sens qui lui faudra prendre. On pourrait dire, d’une manière plaisante, que l’interprétation de la Lune Noire se doit de donner au natif ce que l’on conviendra d’appeler, si vous le voulez bien : “le mode d’emploi de l’âme”. Toute interprétation correcte de la Lune Noire doit donc se situer à ce niveau et mettre l’accent sur ces choses-là, et non pas sur le monde du visible, du terrestre, de la matière et du quotidien. Avec la Lune Noire se révèlent de grands mystères.
Remarquons par ailleurs, qu’un mouvement elliptique, quel qu’il soit, soumet tout mobile qui le parcourt à une destinée de vitesse relative essentiellement calculable et non uniforme. En effet, toute planète qui décrit une ellipse, ne peut la parcourir qu’à une vitesse variable, tantôt accélérée et tantôt au contraire ralentie, selon qu’elle passe à proximité du foyer de l’ellipse ou selon qu’au contraire elle en est éloignée.
C’est ainsi par exemple qu’en ce qui concerne la révolution ellipsoïdale de la Lune autour de la Terre, la vitesse de notre satellite se trouve accélérée lorsque celui-ci passe au point le plus voisin de la Terre (Périgée) et elle se trouve, au contraire, ralentie lorsqu’il parvient au point de son plus grand éloignement (Apogée).

On peut donc dire que la marche lunaire, lente à l’apogée, rapide au périgée, s’exprime par phases successives. Or, il convient de considérer essentiellement cette variabilité de vitesse comme un indice de vie. En somme toute orbite elliptique se situe à l’origine d’un rythme vital dont l’orbite circulaire serait totalement incapable. En effet, si l’orbite de la Lune était rigoureusement circulaire, sa vitesse en serait de ce fait uniforme et n’aurait par conséquent ni ralenti, ni accélération, ni reprise. Il n’y aurait donc pas de pulsation cyclique, c’est-à-dire au fond, il n’y aurait pas de vie manifestée car la marche de la Planète serait invariable, uniforme et de ce fait comme morte. Car c’est seule, une succession d’états différents qui est la caractéristique même de la vie. En effet, une succession d’états identiques est inconcevable. Dans l’invariabilité on ne peut en effet parler d’une succession d’états. On peut parler d’un état constant, figé, mort, car une telle monotonie est une absence de vie.
On sait d’ailleurs, astronomiquement, que toutes les orbites planétaires tendent, à plus ou moins longue échéance, à passer de la courbe elliptique à la courbe circulaire, c’est une loi. Courbe où la planète à jamais invariable et identique à elle-même en tous les points de sa course, n’est rien d’autre chose qu’une courbe d’uniformité et de mort. Ainsi, c’est en parcourant une ellipse que la planète fait la preuve de sa vie puisque sa vitesse variant à chaque instant en de successifs mouvements d’accélérations et de décélérations est l’indice même d’un rythme vital primordial.
Ecoutons du reste, pour nous en convaincre, ce qu’écrit Dom Neroman à ce sujet : “De toute façon ce foyer vide est une sorte d’anti-astre, aussi nécessaire au système orbitale que l’est par exemple le pôle sud d’un barreau aimanté à l’existence du pôle nord, comme les deux pôles de l’aimant, les deux foyers de l’orbite coexistent nécessairement et cesseraient ensemble d’exister s’ils se rapprochaient chacun jusqu’au centre de l’ellipse qui deviendrait un cercle neutralisant la pulsation vitale”.
Or il n’y a donc aucun doute, c’est la présence seule de la Lune Noire qui transforme le mouvement circulaire de la Lune autour de la Terre en un mouvement ellipsoïdal, c’est-à-dire en d’autres termes, que c’est la Lune Noire qui donne vie et rythme à la Lune.
Je crois que nous n’avons plus aucun doute au sujet de la Lune Noire. C’est elle qui situe l’homme par rapport à l’invisible, c’est elle qui lui donne le sens de sa destinée et de son orientation cosmique.
C’est elle qui lui livre le contenu de son au-delà, de son autre monde et elle n’en est pas moins dans le même temps la donatrice de vie. Joignez ces deux pensées et concluez.
C’est bien là, la manière de montrer que la vie de l’âme passe au-dessus des choses créées et suit le grand axe de l’éternité, que la vie, la vraie vie est précisément du domaine de l’invisible.

L’Axe de la Lune Noire :

Pour en finir avec les données cosmographiques sur le sujet de la Lune Noire et les conséquences que l’on peut en tirer, nous allons offrir à nos méditations une dernière remarque. C’est que la Lune Noire ne doit pas être regardée dans un thème comme un point valorisé, mais plutôt comme un point appartenant à un axe contenant sa propre dialectique. C’est qu’en effet, lorsque nous avons positionné la Lune Noire en degré de longitude sur l’écliptique, il faut aussitôt rechercher le degré opposé et le mentionner sur la carte céleste. On est alors en présence d’un axe thématiquement agissant, à un bout de cet axe se situe la Lune Noire et à l’autre bout son opposite.
Le lieu de l’axe où se trouve la Lune Noire prendra le nom de “Tête de la Lune Noire” et le lieu opposé se nommera la “Queue de la Lune Noire”. A partir de cet instant on quitte la réalité des mathématiques célestes pour entrer dans le jeu d’une pure dialectique intellectuelle.
En effet, avec la tête de la Lune Noire nous nous trouvions, bien sûr en présence du vide, mais nous nous trouvions encore en présence d’un point mathématiquement calculable à défaut d’être un astre réellement existant.
Tandis que maintenant avec la queue de la Lune Noire, non seulement nous ne sommes plus en présence d’un astre réel, mais encore, nous ne sommes même plus en présence d’un point cosmographiquement déterminé. Cette fois il n’y a absolument plus rien !
Le point opposé à la Lune Noire n’est plus, en effet, que le produit d’un raisonnement. Il se présente un peu comme une sorte de cône d’ombre que pourrait projeter la Terre sur la roue zodiacale, des effets magnétiques qu’elle reçoit en provenance de la Lune Noire.
Si l’on suppose la Terre au centre de la roue zodiacale, la Lune étant située à un certain degré d’un certain signe, le cône d’ombre se produit au degré opposé. Mais ce n’est qu’un simple raisonnement. Or une chose extrêmement singulière va se passer au niveau de cet axe, c’est qu’en entrant dans ce jeu dialectique voilà que la Lune Noire va recevoir un nom de baptême, et que nous sommes soudain en présence non plus de la Lune Noire mais en présence de “Lilith”. Voilà qu’elle a été nommée : “Lilith”.
Or, vous savez que lorsqu’on a nommé les choses elles existent, les hiéroglyphes disent : “Rien n’existe avant d’avoir reçu son appellation”, car c’est le verbe qui est créateur, le verbe qui s’est fait chair comme le dit St Jean : “Au commencement était le verbe et le verbe s’est fait chair.”

L’Axe Lilith/Priape :

Voilà que la Lune Noire est nommée, elle s’appelle Lilith et dans le même temps le pôle opposé de Lilith a reçu aussi un nom de baptême : Priape. Nous voici donc maintenant face à un couple. Voilà qu’apparaît par le jeu de la logique des nombres un axe Lilith/Priape, qui est cosmographiquement vide de corps planétaire, matériel, réel, mais chargé d’un sens symbolique lourd de conséquence.
Maintenant nous allons quitter la cosmographie et demander à la mythologie qui est Lilith.

Lilith à travers la Mythologie :

Selon les textes hébraïques, ce nom de Lilith est celui qui fut donné à la première femme d’Adam. Dans l’alphabet de Ben Sira on peut y lire ce qui suit :
“Lorsque l’éternel a créé son monde et a créé le premier homme, il a vu qu’il était seul et il lui a aussitôt créé une femme de la terre comme lui et son nom était Lilith. Aussitôt, ils ont commencé à se quereller lui disait, tu coucheras en-dessous et elle disait, c’est toi qui coucheras en-dessous puisque nous sommes égaux et tous les deux formés de la terre. Et ils ne s’entendaient pas. Quand Lilith a vu qu’il en était ainsi, elle a prononcé le nom ineffable et s’est évanouie dans l’air”.
Ainsi dès les premiers textes, Lilith apparaît comme un personnage hostile à l’homme, elle se présente comme sa rivale. En outre, elle est inaccessible, intouchable puisqu’elle est celle qui “s’évanouit dans l’air” quand on veut la saisir.
Mais ce n’est pas tout. Au livre de la Genèse, Lilith est évoquée et, elle est même nommée dans l’ancien testament par le prophète Isaïe. Or, les traducteurs, Saint Jérôme et Simac ont rendu ce nom de Lilith par le mot : Lamia, qui a le sens de démon femelle ou de spectre de la nuit. Ainsi, le caractère monstrueux de Lilith est donc formellement établi.
Dans les textes Rabbiniques : Le Talmud ou la Cabale, elle reparaît de même, sous son aspect d’ange maudit. Dans le Talmud on peut y lire ceci : “Il est défendu de dormir seul dans une maison car celui qui le fait, Lilith s’en saisira”. Et l’alphabet de Ben Sira donne la formule de l’exorcisme, cette formule est la suivante : “Lilith hors d’ici ! ” Formule du reste, dont les juifs se serviront pendant des siècles pour se protéger des maléfices de Lilith. C’est ainsi par exemple, que les chambres des femmes en couche étaient placardées aux quatre coins de cette inscription.
En somme, il apparaît donc à travers ces divers textes et à travers les coutumes qui s’en suivirent que la première des femmes de l’homme, ou pour être plus précis, que la première des femmes sans hommes poursuit dans les traditions anciennes un rôle assez inquiétant et assez menaçant.
Or l’imagination des peuples ne crée point de prototypes inutiles, en créant ce personnage symbolique de Lilith nul doute que l’inconscient collectif n’ait créé là un mythe lourd de conséquence, et cet être hybride nommé “Lilith” qui est à la fois ange, femme et démon, ne va pas rester un symbole isolé qui jamais ne trouvera sa contrepartie humaine, bien au contraire. Il est facile de retrouver en toutes femmes apparentées à Lilith – qu’elle prenne pour l’homme le visage de l’amazone, ou la voix de la Sirène, – le fil qui nous conduit à un certain personnage féminin à la fois fascinant, admirable et dangereux. Ce personnage que le cinéma contemporain a imposé sous le nom de vamp, dont la renommée n’est plus à faire et dont l’attrait sadique qu’elle exerce sur certains hommes n’est rien d’autre que la manifestation symbolique du rôle de la Lilith. Disons en quelque sorte que Lilith a fait souche. Une lignée innombrable de Lilith a peuplé la Terre qui subit la malfaçon du créateur et l’étrange destin que l’éternel lui assigna. Et dans le cycle de ces avatars elle apparaît sous une infinité d’aspects, elle offre prise à une multitude d’interprétations sans qu’il soit jamais possible de la réduire aux mesures d’une seule destinée humaine ni de la camper sous les traits d’un seul personnage. Elle se nomme Antinéa, ou elle se nomme Salomé, elle se nomme Sémiramis ou elle se nomme la Vierge Noire, elle a tous ces noms de sorcière qu’il plaît aux hommes de lui donner. Mais toujours elle apparaît sous les dehors de la femelle vampirisante, celle qui fascine et attire quasi magnétiquement le mâle pour mieux se refuser à lui, la vamp vraie fiancée de Dracula, vampire femelle, insecte goule qui vampirise son homme, qui le suce, qui le consomme, qui le décortique puis qui le rejette.
Sans compter qu’avec ses valeurs de vide, que nous avons cosmographiquement concédé à la Lune Noire, il n’est plus question d’être dupe. Nous savons, et le symbole nous l’a montré, que toute femme signée Lilith n’est rien d’autre que la fascination du vide. Au reste, rien n’est plus attirant, rien n’est plus envoûtant que le vide. Le vide à une existence puisque certains s’y précipitent qui ne le veulent pas !
Eh bien c’est cela Lilith, c’est comme un tourbillon qui aspire et entraîne, avec dans les yeux le mystère des abîmes et dans la voix des inflexions de chair et de sexe qui ouvrent en l’âme des fleurs somptueuses et brûlantes, mais combien vénéneuses, mortelles.
Et c’est ainsi qu’avec Lilith nous rejoignons le personnage de la triple Hécate telle que nous l’a léguée la Mythologie. C’est l’antique déesse qui tenait en ses mains le fouet, le poignard et la torche, et dont la triple vertu était de ce fait de punir, de sacrifier et d’éclairer. C’est un mythe riche et très intéressant.
Toute femme apparentée à Lilith se présente donc comme une Hécate avec ce triple pouvoir, toute femme signée Lune Noire tient en sa main ces trois attributs : Le fouet pour punir, le poignard, disons les mots, pour castrer et la torche pour incendier et peut-être éclairer.
Or l’iconographie antique nous a de plus livré Lilith sous les traits d’une femme mortellement belle, mais, dont le vagin s’ouvre au milieu du front. Ce symbole allusif est celui-là même de la femme castratrice, que nous rencontrerons en astro-psychanalyse dont la projection névrotique n’est rien d’autre de ce que les psychanalystes ont nommaient : “le vagin denté”. Il en sera aussi question dans un cours qui aura pour titre : “Les impératifs sexuels de la Mante Religieuse”.
Et sans doute bien est-ce Lilith, première épouse d’Adam et non pas Eve, mais probablement Lilith qui lui ayant fait goûter la pomme le castra du paradis. Certainement, car ce n’est pas du tout le rôle de l’Eve mais de la Lilith.

Dialectique Eve/Lilith :

Une dialectique Eve/Lilith serait à tenter, et elle ne serait rien d’autre que la dialectique Lune/Lune Noire.
Or si l’on fait appel au livre de la Genèse, livre XI 21, 22, 23 on peut y lire ce qui suit :
“Alors l’éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit. Il prit l’une de ses côtes à la place de laquelle il referma la chair. De la côte qu’il avait prise à l’homme, l’éternel Dieu forma une femme et l’amena à l’homme. Et l’homme dit : “Celle-ci cette fois, est os de mes os et chair de ma chair. Elle sera appelée “femme” car elle a été prise de l’homme”.
Voyez-vous dorénavant, aussi loin que l’on remonte dans les traditions anciennes, toujours on verra la Lilith ou toute femme à elle assimilée poursuivre son rôle de rivale et d’ennemie d’Eve : la femme éprise de l’homme et que Lilith ne cesse de menacer dans son couple et dans ses enfants.
Lilith, nous l’avons bien compris, c’est la belle amazone, c’est la mystérieuse étrangère qui passe et qui arrache un homme de son foyer et lui fait renier femme, enfants, tuer s’il le faut pour l’entraîner dans un tourbillon d’aventures, le plumer s’il se peut pour l’abandonner au désespoir et parfois au suicide. C’est terrible car telle Cybèle elle ne pardonne pas, telle Artémis elle fait dévorer ses mâles à ses chiens.
Enfin la légende nous livre que Lilith, donc celle que Dieu d’abord créa avant et qui précéda Eve, Lilith est à jamais stérile. Elle est donc celle qui fascine l’homme mais avec laquelle il lui est impossible de s’unir pour engendrer. Ce personnage de Lilith, stérile à jamais, on le retrouvera avec toute son ambiguïté, chez toutes les déesses vierges de la Mythologie, que ce soit Déméter ou Cybèle, Salammbô ou Hécate, Artémis, ou Minerve, Isis, ou Ishtar et bien d’autres encore. C’est toujours, sous des récits divers et en des formulations renouvelées, du même mythe qu’il s’agit et les attributs de toutes ces déesses toujours sont les mêmes : le croissant de Lune sur la tête, justement comme il en est pour Artémis et la barque lunaire sous les pieds, symbole parfait de la tragique Lune Noire, comme il en est pour Isis. Ou bien le voile aussi, comme il en est pour Salammbô. Toute femme signée Lune Noire a des aspects de Salammbô, d’Artémis ou d’Isis. Si vous voulez bien comprendre le problème de la Lune Noire, prenez un livre de Mythologie et lisez ce que disent les auteurs sur Artémis, sur Isis, sur Salammbô, relisez au besoin le livre de Gustav Flaubert (Rouen, le 12/12/1821 à 4h – la Lune noire est angulaire sur la pointe de l’Ascendant Scorpion) : “Salambo” ; Federico Fellini (Rimini, Italie, le 20/01/1920 à 21h – la Lune noire est angulaire au FC) voir l’image féminine qu’il projette dans ses films.


Voyez-vous, c’est telle Artémis, la pucelle en toute sa pureté, faite de distance et de refus et que protège sa froideur même. Mais c’est aussi, la veuve, expérimentée mais solitaire.
Il y a une très belle formule de Joëlle de Gravelaine, qui avec Jean Carteret était une grande spécialiste de la Lune Noire, sur les émules de Lilith elle disait que : “elles étaient des femmes de silence, de distance et de refus”. C’est une jolie peinture.
Vécue tragiquement, la Lune Noire, en effet, n’est que froideur et refus, solitude et silence, elle est absence, elle est Mort. Et ainsi inaccessible, Lilith est l’image même de l’Apogée.
Qu’est-ce qu’en effet que l’Apogée de la Lune ? Si ce n’est sa plus grande inaccessibilité. En effet, quand elle est à son apogée la Lune est au plus loin, c’est à son apogée qu’elle devient Lilith, et c’est ce que la légende a traduit en disant : “Qu’elle murmurait le nom ineffable et s’évanouissait dans les airs.”
A son apogée, en effet, la Lune atteint son plus grand éloignement de la Terre, elle va extrapoler sa courbe et prendre la tangente, ne va t-elle pas alors murmurer le nom de l’ineffable et disparaître ? cette image de l’apogée explique les valeurs de dégagement, d’isolement et de recul des femmes marquées Lune Noire. Mais à l’apogée, il y a toujours fatalement une retombée, car le maximum est atteint pour une courbe en ellipse, Lilith certes s’évanouit dans les airs, mais c’est plutôt comme un suicide : elle disparaît elle ne crée rien, c’est ce qui est dit à tout jamais : elle est stérile.

L’autre Type de Lune Noire :

Mais comme en toutes choses il y a son contraire, et ne peut exister de nuit sans qu’existe le jour, car toutes ténèbres présupposent la lumière, de même ce qui est en bas a son reflet dans ce qui est en haut. A l’opposé de ce tragique type Lune Noire, telle que nous venons de le dépeindre sous les traits de la femelle castratrice et mortelle, il est un autre type Lune Noire qu’il ne conviendrait pas d’omettre.
En effet, à toute perversion ou banalisation s’oppose immanquablement une sublimation, une spiritualisation. Il apparaît, selon le mode du vécu, un second type Lune Noire qui peut se présenter sous les dehors de la lucidité. Autant la première est toute de dureté, toute de cruauté, toute de sadisme, toute de solitude mal acceptée. Autant la seconde est toute de rigueur, de pureté, de vertu. Luminaire Noir, Lilith prend alors en ce cas, valeur de “lumière noire”, de “lumière froide”.
C’est qu’il ne s’agit pas avec Lilith d’une femme de chair, d’une femme réellement incarnée, mais d’une entité féminine pratiquement inaccessible. Lilith n’est pas incarnée, elle est immanence, immatière. Elle est, comme il en est astronomiquement, ce lieu ponctuel qu’aucun astre ne recouvre, cette femme qu’aucune chair ne revêt.
Lilith, sous son aspect sublimation/spiritualisation a été envoyée à Adam par des puissances supérieures et nul doute qu’elle détienne un grand pouvoir ésotérique. La tradition hébraïque veut en effet, qu’elle ait prononcé le nom “ineffable”. Le texte est formel, il dit : “Elle a prononcé le nom ineffable et s’est évanouie dans l’air”.
Elle a prononcé le nom “ineffable” au moment où elle se détachait de la Terre, au moment où elle s’envolait soudain sous des ailes de lumière. Ainsi Lilith celle qui, très énigmatiquement, attire l’homme et qu’il ne peut jamais atteindre, fut-elle dépêchée pour qu’à travers épreuves et souffrances il parvienne à la lumière. Pour qu’à travers une verticalisation du thème, ils parviennent à la conscience.


Paul Valéry, né le 30 octobre 1871 à Sète (Hérault) à 19 heures.
Son thème était puissamment marqué par la Lune Noire puisqu’elle était conjointe à l’Ascendant et au trigone du MC, Paul Valéry n’a écrit que des œuvres où transparaît cette lumière froide de la lucidité, il n’a écrit que des thèmes où transparaît cette constante volonté d’être toujours, je le cite : “conscient de sa conscience”


De même, dans l’œuvre du capricornien Henry Miller, (né le 26 décembre 1891 à New York U.S.A à 12h 30mn) dont le thème est dominé par une conjonction venant de se coucher, de la Lune Noire avec Saturne, Maître du Milieu du Ciel, du Soleil, de Mercure et de Vénus en Capricorne. En outre, elle aspecte le MC, le Soleil et Mercure. Voit-on l’auteur constamment aux prises avec le vide aspirant de femelles vampirisantes qu’il lui faut rejeter ou dépasser pour entrer dans le trône de sa lucidité. Si l’on voulait en quelque sorte résumer toute l’œuvre millérienne, on pourrait, je crois, donner cette phrase-là comme un grand résumé. Il est aux prises avec des femelles aspirantes, cette espèce d’abîme, de gouffre, de vide, qu’il lui faut rejeter ou dépasser pour rentrer dans le thème de sa lucidité et de sa vérité d’écrivain. C’est ici toute la lutte de Miller, c’est ce qu’il nous dépeint tout au long de pages et de pages à n’en plus finir.

Aussi bien, comprendra-t-on maintenant, qu’il y a dans le principe de la Lune Noire une stérilité du visible mais dans le même temps, une fécondité de l’invisible.

Dialectique Lune/Lune Noire :

Et si nous reprenons, maintenant à nouveau la dialectique Lune/Lune Noire ébauchée plus haut, et mettons en face à face Lilith première femme d’Adam, qui fut stérile et Eve, seconde femme d’Adam, qui enfanta, nous pouvons dire qu’à la Lune Noire Lilith : stérilité du visible et fécondité de l’invisible, s’oppose la Lune Eve qui est fécondité sur le plan du visible et stérilité sur le plan de l’invisible.
Avec la Lune dans un thème se lisent les problèmes de la fécondation, avec la Lune Noire se lisent les problèmes de la sexualité. Ce n’est pas du tout la même chose. Problème de la sexualité parce que la sexualité est un problème de la nuit de notre être, de la nuit de notre vie et parce que la sexualité c’est un problème métaphysique, et non pas la fécondité.
Avec la Lune, il y a une mise au monde au visible, elle est donc importante pour ceux qui vivent sur le plan de la vie, de l’instinct. Avec la Lune Noire il y a mise au monde à l’invisible, elle est donc importante pour ceux qui vivent sur la recherche de l’abstraction. Et dans les œuvres de Henry Miller précisément c’est une femme Lune Noire, cette femelle vampirisante, vêtue de noir qui accouche l’homme à lui-même, qui l’accouche sur le plan de l’invisible, qui fait l’auteur.
Là où est la Lune il y a ce qui se voit, par exemple il y a les comédiens, c’est ce qui se voit. Tandis que là où est la Lune Noire, il y a ce qui ne se voit pas, c’est-à-dire  il y a les coulisses. Là où est la Lune se produit un gonflement d’imaginaire, mais là où est la Lune Noire pas du tout, il n’y a pas de gonflement d’imaginaire, là se produit une quintessence de la lucidité.
Les produits de Lilith et les productions d’Eve sont aux antipodes l’un de l’autre. Avec la Lune, nous touchons aux valeurs de présences du créé, avec la Lune Noire nous touchons aux valeurs d’existences de l’incréé.
Si l’on veut mettre une dernière fois en dialectique la Lune Noire et la Lune on peut dire que : A l’opposé de la Lune qui est réflecteur du Soleil, la Lune Noire est le réflecteur de la nuit, elle est l’œil de la nuit, c’est l’œil de Seth, celui qui regarde la nuit des êtres et qui voit la profondeur de nos ténèbres intérieures : sexualité, luxure, péché qui sont des problèmes métaphysiques, mais dans le même temps elle regarde la nuit des choses elle voit ce qui est au-delà, elle voit “ces choses qu’on ne voit pas et qui seules existent” selon la phrase de Saint Jean de la Croix. Elle est le lieu d’un sacrifice qu’il faut rendre conscient pour pouvoir évoluer.

Dialectique Lilith/Priape

Enfin, si nous voulions résumer la Lune Noire, nous pourrions dire qu’elle est silence, tout en elle est silence et fécondité du silence dont Priape est le fruit. Paul Valéry dans un poème qui a pour titre “Palme” écrivit ces très beaux vers :

“Patience, patience,
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr”.
        
Eh bien, c’est, je crois, en lui toute la dialectique de l’axe Lilith/Priape : Lilith, le silence et Priape, le fruit mûr.
Lilith, en effet, second foyer de l’orbite lunaire est par définition l’invisible et le silence. Aussi bien, là où est Lilith dans un thème là sont les valeurs de silence, là sont les puissances du silence d’un être, là où est la Lune Noire, il y a le monastère au sens le plus général du terme, c’est-à-dire qu’il y a le retrait de l’être en lui-même en son silence, en sa méditation. Et en face il y a Priape qui est le fruit du silence. Ainsi la tête de la Lune Noire rend silencieux le monde extérieur et la queue de la Lune Noire : Priape, au contraire, renvoie ce silence en parole, en acte, en écrit. Lilith est la réflexion, Priape l’élocution ; Lilith est la pensée, Priape la parole ; Lilith est la lucidité, la maîtrise, la possibilité de dépouillement, l’excellence du choix et Priape est le résultat de toutes ces vertus.
Enfin, pour saisir la différence entre Lilith et Priape, on peut établir dans un petit tableau la dialectique suivante :


En outre, dans le thème de Paul Valéry, la Lune Noire qui est à l’Ascendant est dans le signe des Gémeaux.
C’est une étrange rencontre que celle de la Lune Noire avec ses valeurs de silences et celles du signe mercurien des Gémeaux qui est essentiellement bavard. Qu’a bien pu donner cette position ? Eh bien, elle jouera à deux reprises dans la vie de Paul Valéry. Une première fois, la Lune Noire avec ses valeurs de refus et de silence poussa Paul Valéry à faire une tentative de suicide. Il voulut se pendre et il choisit pour cela le lieu probablement le plus marqué Lune Noire qui soit possible d’imaginer, car il se pendit dans un placard ! Ce qui est exactement la marque de silence et d’obscurité de la Lune Noire, c’est aussi la marque du refus : on ferme la porte, on refuse le monde, c’est encore la marque du double étouffement.
Mais là où Lilith en Gémeaux a joué, et ceci de manière verticale, c’est lorsqu’il pratiquera durant plus de cinquante ans la communication avec lui-même. En effet, tous les matins il se levait à cinq heures et jusqu’à huit heures il méditait sur un mot, un fait, une phrase et il débattait avec lui-même. C’est ce qui va donner par la suite une œuvre dépouillée de mots et d’hyper-lucidité, les mots sont réduits mais combien justes et percutants. Lisez des titres comme “la Soirée avec M. Teste” qui est une éthique intellectuelle ou bien, ses “Cahiers” qui furent le laboratoire de son œuvre.  Eh bien, c’est ici la manifestation des valeurs des Gémeaux que sont les mots, la parole, qui ont été transformés par la Lune Noire, c’est-à-dire portés à l’hyper lucidité par réduction. Ici c’est le plus haut niveau, la verticalisation du signe.
Par conséquent, la Lune Noire dans la première Maison l’entraîna, nous l’avons vu, en un premier temps vers un refus de lui-même qui trouva son point dramatiquement culminant dans ce geste du suicide. Au moment où l’homme plongea dans cet abîme ouvert sous ses pieds précisément par le refus de soi : Lune Noire sur l’Ascendant. Donc ici dans un premier temps c’est le négatif.
Puis en un second temps, ce fut le côté positif de la Lune Noire qui exerça et habitua Paul Valéry à une espèce de remise en question permanente de lui-même, et à travers les Gémeaux que sous-tend la Maison I, c’est une remise en question des valeurs Gémeaux/Maison I c’est-à-dire des valeurs d’intellect dont Monsieur Test porte précisément témoignage.

En somme, lorsque l’on étudie le rôle de la Lune Noire dans un Secteur terrestre, il suffit de se rappeler qu’elle retire ce Secteur de la réalité, elle le dépossède en quelque sorte de son contenu matériel, terrestre, visible, pour le recharger éventuellement d’une valeur d’invisible, c’est-à-dire d’une valeur spirituelle, d’une teneur métaphysique. Il y a avec Lilith en Maison, un processus de dématérialisation, puis de recréation dans un monde parallèle.
Afin de comprendre cette manière d’alchimie à travers laquelle se livre la Lune Noire, imaginons une Lune Noire en Secteur XII. Il va donc s’opérer une inversion des valeurs de la XII, c’est-à-dire une inversion des valeurs d’épreuves terrestres de la XII en valeur de puissances magiques dans les choses relatives à la XII, c’est-à-dire dans une quelconque sphère occulte ou secrète. Ou encore, il peut s’agir d’épreuves de l’invisible.
Imaginons une Lune Noire en Secteur VI avec par conséquent son opposite, la queue de la Lune Noire : Priape, en Secteur XII. On pourra penser que l’individu fait silence dans la Maison VI, qui est la Maison de son travail : il fait silence sur son travail, il ne communique pas son travail, il va pendant longtemps travailler seul sans jamais rien communiquer, il va s’enfermer dans les valeurs de verticalisation du Secteur VI, bien-sûr, s’il le vit au plus haut. Puis un jour, lorsque l’eau du savoir aura rempli la coupe de la Lune Noire, il rendra ce silence en parole dans le Secteur XII. La XII, au plus haut niveau, c’est un Secteur qui s’occupe des choses secrètes, des choses occultes.
Enfin, nous savons que dans un thème la Maison est le lieu de l’action c’est-à-dire le lieu de l’événement matériel, aussi bien, avec sa valeur de refus la Lune Noire sera-t-elle refus de l’événement, et elle apparaîtra donc comme l’état de l’action. C’est-à-dire que relativement aux choses de la Maison considérée elle ne sera pas promotrice d’événements ou de changements, mais promotrice de durée.
Supposons une Lune Noire en Secteur V, sa valeur de refus s’exercera sur les choses de la V, de telle sorte que le destin prendra alors tournure du refus de l’amour ou du refus de l’enfant. Mais dans le même temps, voilà qu’elle va “verticaliser” les valeurs créatives de la V. Ainsi, en verticalisant, elle permet alors d’entrer dans une création de l’esprit, que ce soit une création intellectuelle, artistique, spirituelle peu importe… elle peut entraîner le natif à créer une œuvre qui sera dégagée des contingences du terrestre et qui peut entrer dans sa durée et dans sa pérennité.
La Lune Noire en Maison VIII est très intéressante à étudier, car selon le domicile Scorpion de Lilith elle en est de ce fait la Maison symbolique. Sise en VIII la Lune Noire se vivra comme d’un refus de la mort, c’est-à-dire comme d’un refus du disparaître et comme une volonté de durer par au-delà sa mort. De telle sorte que la mort jouera dans le destin un rôle particulier. 


Blaise Cendrars, né le 1er septembre 1887 à La Chaux de Fonds, canton de Neuchâtel (Suisse) à 19 heures 45 minutes.
Il présentait la Lune Noire parfaitement angulaire sur la pointe de l’Ascendant.
Poète et assistant du grand metteur en scène Abel Gance, il passionnait les jeunes poètes en herbe. L’un d’eux Jean Epstein, étudiant lyonnais et passionné de cinéma vient solliciter Blaise Cendrars sur la thèse qu’il prépare : une étude de littérature comparée d’après les progrès ou les reculs de l’organisation logique des styles.
Grande et heureuse surprise : Cendrars lui répond, l’encourage et lui propose une rencontre. Une amitié va s’instaurer entre les deux hommes. 
Dans Écrits sur le cinéma, Tome I  Éditions Seghers, Jean Epstein parlant de Blaise Cendrars écrit ceci :
“Tout mon souvenir de Cendrars est associé à de la nuit : un visage ravagé, rongé, pénétré et serti d’une ombre dont je ne peux le détacher ; une manche, sans main ni bras, mais qui s’agite parfois, émerge un peu de l’obscurité et montre son vide noir.” (Pages 31 et suivante). 
L’image est saisissante : la nuit, l’obscurité, le vide noir, le visage pénétré d’une ombre, etc… N’est-ce pas là un climat Lune Noire ?
En outre, le 3 août 1914, Blaise Cendrars s’engage comme volontaire dans la guerre 14/18 il est affecté au 1er Régiment Etranger qui sera rattaché à la Légion étrangère. Le 28 septembre 1915, il a perdu le bras droit au cours de l’attaque de la ferme Navarin. D’où le passage de la citation : “sans main ni bras”.

Les Astres Conjoints à Lilith ou à Priape :

Ainsi, les planètes conjointes à Lilith ou à Priape, s’il en est, vont revêtir une importance particulière, voire même quasi exceptionnelle puisqu’elles nous diront les raisons pour lesquelles l’homme entre dans son silence avec les astres conjoints à Lilith, et les raisons pour lesquelles rompant le silence il entre dans son évangélisation avec les astres conjoints à Priape. Vous voyez ce qu’est cet axe Lilith/Priape ? C’est le silence (Lilith) et le résultat du silence (Priape). Il est donc particulièrement intéressant de voir s’il y a des planètes conjointes à Lilith ou à Priape puisqu’elles nous disent pourquoi, de quelle façon, et en quel mode l’homme fait silence et pourquoi, de quelle façon, et en quel mode il se décide à parler.

Planète conjointe à Priape :
        
Il est en outre des plus importants, lorsqu’on en arrive à l’examen de Priape, de remarquer la place occupée par l’astre qui lui est conjoint. Vous observez l’axe Lilith/Priape, vous regardez s’il y a des astres autour et aussi, dans quelle Maison cela se situe. Et puis vous regardez tout particulièrement s’il y a un astre conjoint à Priape.
Or, cet astre, peut en effet se situer soit avant, soit après Priape, je veux dire dans le sens sénestre de 0° à 360°, si par exemple cet astre est positionné à 11° d’un signe et que Priape se trouve à 12° il sera donc avant Priape. Et si la planète est positionnée à 13° d’un signe et que Priape se trouve à 17° du signe à ce moment-là on dira que la planète est positionnée après Priape.
Si la Planète est située après Priape, l’influence de Priape vient en quelque sorte “buter” sur cette Planète de telle sorte que l’élocution qui est le fait de Priape se trouve en quelque sorte contenue par la planète qui fait office de barrage ou de vasque. C’est quelque peu semblable à l’eau d’une source qui se déverse dans un bassin : la planète conjointe est ce bassin. Ainsi Priape est donc modifié, marqué en quelque sorte par la forme même du bassin c’est-à-dire par le mode d’expression de la planète considérée.
Prenons par exemple une conjonction de Priape et de Jupiter, en supposant que Priape se trouve situé avant Jupiter. On en peut donc conclure que le bassin sera d’essence jupitérienne. Qu’est-ce qu’un bassin jupitérien ? Eh bien c’est quelque chose de vaste, de somptueux, de spacieux. Donc l’eau de l’expression, l’eau de Priape aura de la largeur, de l’emphase, de la tolérance... C’est-à-dire toutes les vertus jupitériennes mais aussi tous ses travers.
Supposons maintenant que Priape soit conjoint à Saturne et que Priape soit située avant Saturne. Le bassin sera alors saturnien, c’est-à-dire il sera étroit, vertical, mais profond, exactement comme un puits et l’eau de l’expression sera pareille à ce puits, froide, peut-être même glaciale, mais profonde comme est un puits, grave, mesurée, savante, d’ailleurs ne dit-on pas de quelqu’un qu’il est “un puits de savoir”, ou encore “un puits de science” ! Certes, la parole sera glaciale, peut-être y aura-t-il une économie de langage, une rigueur, mais combien la parole sera pure et désaltérante à l’âme assoiffée !
Supposons maintenant, que dans l’une et l’autre de ces deux conjonctions Priape soit positionnée après Jupiter ou après Saturne et ceci toujours dans l’ordre sénestre. Le bassin manquera ou bien il ne sera pas dressé car il n’y aura pas de planètes après Priape, ou plutôt, le bassin sera construit avant la source, et l’eau de la parole s’écoulera sans être retenue par rien et elle sera torrent, raz-de-marée, inondation. Toute expression deviendra alors démesurée, toute communication par l’eau de la parole sera rendue gigantesque, océanique, car l’océan n’est pas contenu dans un bassin, alors soit qu’elle se disperse ou bien soit qu’elle déferle, il y aura quasi-impossibilité de transmettre un discours en un temps limité, le discours deviendra illimité, si l’être à une heure pour s’exprimer il lui en faudra trois…
Par conséquent que la planète soit placée après ou avant Priape c’est toute la différence entre le glacier et l’avalanche. Là où est la tête de la Lune Noire là est la cime de la montagne, car la Lune Noire est un symbole de réduction, comme la cime réduit la montagne. Et là où est la queue de la Lune Noire c’est-à-dire Priape, là est un glacier si un astre le retient, mais si l’astre fait défaut là est l’éboulement, l’avalanche.
Et puisque l’homme fait silence avec la Lune Noire et qu’il rend ce silence en parole avec la queue de la Lune Noire, nous comprenons bien qu’avec l’axe Lilith/Priape nous ne sommes rien moins qu’en présence de l’axe de la sublimation.
Regardez donc dans quelle Maison se trouve votre axe sublimatif, c’est-à-dire dans quelle Maison se trouve la Lune Noire dans votre thème et vous saurez que dans cette Maison-là, et pour les choses de cette maison-là et à travers les données de cette Maison-là vous faites silence et qu’à l’opposée, à travers les choses de la Maison où se trouve Priape, vous rendez ce silence en parole, en écrit, c’est l’œuvre. D’un côté c’est la méditation de l’œuvre et de l’autre c’est l’œuvre accomplie qui est donnée au monde.
Vous avez bien compris : l’axe Lilith/Priape c’est l’axe de la sublimation. Et c’est ce que dit expressément le poème de Paul Valéry. Ce poème est essentiellement signé Lune Noire, il a pour titre : “Palme”. Ici l’auteur nous confie le secret de Lilith et de Priape – son secret puisqu’il avait Lilith sur l’Ascendant et Priape sur le Descendant, ainsi, l’axe Lilith/Priape chez Paul Valéry se superposait à  la ligne d’horizon. Il écrit :

“Calme, calme,
Reste calme, connaît le poids
D’une palme portant sa profusion.
Patience, patience,
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr !”.

Henri Miller, dont le thème présente une Lune Noire importante, écrit dans “Nexus” :

“Ce sur quoi je voulais mettre la main, si tant est qu’on puisse jamais saisir des faits aussi impalpables, c’était ce point crucial dans l’évolution d’un génie, ce moment où, du roc le plus aride, sourd la fontaine d’eau vive. De même que les vapeurs célestes s’amassent dans de vastes réservoirs qui se répandent ensuite en rivières et en fleuves, de même, me disais-je, doit-il exister, dans l’esprit et dans l’âme, un réservoir qui attend d’être transformé en mots, en phrases, en livres, pour se perdre à nouveau dans l’océan de la pensée”.

Ce “réservoir de l’âme”, nous l’avons bien compris, c’est la Lune Noire et de même que pour Priape ce réservoir de l’âme aura la forme, la dimension, l’essence de la planète qui par conjonction le touchera.
C’est évident, ce sont des notions très simples à comprendre et à traduire. L’astrologie est tout entière faite de choses simples comme cela et évidentes. Quand on aborde le royaume de Dieu c’est très simple, on sera certainement surpris quand on va mourir, de la grande simplicité du plan divin, c’est tellement simple qu’on ne peut pas l’imaginer ni le percevoir.
Prenons un exemple, imaginons une conjonction de la Lune Noire et de Neptune. L’individu se repliera dans son silence pour des raisons neptuniennes, et selon le mode du vécu, c’est-à-dire selon le niveau vibratoire ou bien il s’enfoncera dans une silencieuse confusion et ici ce sont tous les brouillards de Neptune. Tout sera brouillé : pensées, paroles dans lesquelles ce malheureux personnage se noiera sans pouvoir appeler, ni crier, ni communiquer avec autrui, puisque cette conjonction de Lilith et de Neptune crée le silence dans tous domaines neptuniens. Ou bien, positivement, en une haute méditation neptunienne peu à peu s’emplira en l’être ce réservoir mystique, ce sera véritablement l’homme du monastère. Tandis que de l’autre côté, avec Priape, il rendra en écrits ou en paroles tout ce qu’il aura accumulé, à savoir, tout cet enrichissement auquel il sera parvenu.

Supposons une conjonction de Lilith avec Mars, elle pourra être, selon le niveau du vécu, le repli sur un silence méchant et haineux, ou bien au contraire, ce que l’on a coutume de nommer “le silence des forts”, c’est-à-dire de ceux qui savent et qui se taisent. Je dirais même de ceux qui savent se taire et ne parler qu’à bon escient.

Supposons une conjonction de Lilith avec Uranus, elle pourra se traduire par le silence de l’être inadapté, à travers Uranus, ou bien à travers le silence de l’être qui réfléchit à l’énoncé de paroles novatrices ou à la création d’ouvrages nouveaux ou originaux, ou encore à des inventions nouvelles, qu’il rendra de l’autre côté au monde à travers Priape.

Imaginons une conjonction de Lilith et du Soleil, au niveau le plus bas, le silence se fera par démesure d’orgueil (Soleil), ou bien, au plus haut, le silence portera pour fruit une vaste synthèse, que l’individu traduira en paroles ou en écrits à travers Priape.

Il en sera ainsi pour toutes les planètes : avec Lilith le silence se fera aux deux extrêmes de la symbolique de chaque astre, vers le plus terrible suicide de l’être muré en lui-même, fermé dans son silence ne pouvant plus communiquer, ou bien au contraire, vers la plus haute réalisation intérieure, ceci toujours à travers la symbolique de la planète.


Mots-Clés

Pour finir, voici une liste de mots-clés d’après les astrologues, concernant Lilith :
-   Contestation - Transgression - Rébellion - Négation - Refus - Castration - Dislocation - Dissociation - Pulsion de mort - Auto-agressivité - Suicide.
-         Orgueil - Distance - Silence - Secret - Mystère.
-         Fascination - Séduction.
-     Sacrifice - Initiation - Rédemption - Sublimation - Pureté.

Il est bon de ne pas faire l’amalgame avec Saturne et Pluton, bien que Lilith ait quelque rapport sensible avec ces planètes.
En effet, avec Saturne, il y a la notion de frustration, de culpabilité, c’est-à-dire tout ce qui est du ressort du manque et du deuil, mais il n’y a pas la “sanction-guillotine” ni le processus sacrificiel immédiat.
Avec Pluton, il y a les notions d’expiation, de tribunal des enfers, d’angoisse, de mutation, de transformation, mais ici il s’agit d’un processus lent. Avec Pluton, il n’y a pas d’événement immédiat. Saturne fait éprouver la culpabilité qui conduira au châtiment plutonien, tandis que la Lune Noire armera le bras du bourreau et exécutera la sentence.
D’autre part, s’il y a quelque chose de sacrificiel dans la nature de Saturne et de Pluton, ni l’un ni l’autre n’ont quoi que ce soit à voir avec la transgression ou la désobéissance.
La Lune Noire, marque la remise en question qui peut aller jusqu’au changement radical, le rejet définitif, la prise de conscience illuminatrice, selon, bien sûr, les planètes et les secteurs touchés. Et cela, évidemment, en transit et direction sur le thème natal.
Disons que là où elle se trouve - et surtout dans les angles du thème, fortement aspectée ou liée aux luminaires - elle signe l’individu. En fait, il en est comme pour les dominantes.

Conclusion

En conclusion, il faut savoir que c’est dans les années 60 que les astrologues français - particulièrement les astrologues femmes qui semblaient fascinées par cet astre virtuel dans lequel elles se reconnaissaient peut-être inconsciemment - ont commencé à s’intéresser sérieusement à la Lune Noire. Par la suite, leurs travaux ont incité les astrologues européens et américains à se pencher sur les problèmes posés par ce que l’on peut finalement considérer comme “un nœud d’intense vibration”.


La Révolution de Lilith :

Cet entretien sur Lilith ne saurait être complet si on passait sous silence les positions de Lilith. C’est qu’en effet, à l’heure actuelle on ne recense pas moins de six éphémérides à son sujet, ce qui fait, il faut bien le reconnaître, désordre. Nous allons donc examiner la révolution de la Lune Noire afin de comprendre sa progression dans le zodiaque.
La Lune tourne autour de notre Terre en décrivant une ellipse dont l’excentricité est de 1/18e.
Par conséquent, 1/18e, cela signifie que si l’on représentait l’orbite lunaire en prenant 18 cm pour le grand axe de l’ellipse, la distance qui séparerait les deux foyers serait de 1 cm. Voilà pourquoi on dit : “excentricité de 1/18e”.
Ainsi selon la courbe de cette ellipse, en quinze jours de distance, l’éloignement de la Lune varie de 363 300 Km au Périgée à 405 000 Km à l’Apogée.
Toutefois, ce mouvement ellipsoïde de l’orbite lunaire n’est pas le seul mouvement dans l’espace.

En effet, l’ellipse ainsi décrite autour de nous par la Lune ne reste pas immobile dans son plan. Elle tourne dans ce plan autour de la Terre et cela dans le sens direct, c’est-à-dire dans le sens même par lequel elle est parcourue par la Lune. Autrement dit, la ligne des apsides tourne dans le sens direct à raison de 40°39’ en moyenne par an, ce qui lui fait faire le tour du zodiaque en 8 ans et 311 jours et demi. Ainsi, le pas journalier moyen de Lilith est de 0°06’30”. Voir graphique ci-dessous :


Donc, son pas journalier moyen est de 0°06’30” et sa révolution zodiacale moyenne est de 8 ans, 10 mois et quelques jours.
D’autre part, le mouvement de la Lune présente des irrégularités dues à l’attraction du Soleil. D’ailleurs, le terme désignant ce phénomène est le mot féminin : évection.
Ainsi, les positions corrigées de la Lune Noire représentent des corrections au niveau des positions de la Lune par rapport à son déplacement.
Concernant ces différentes positions de la Lune Noire, Francis Santoni l’auteur des Éphémérides Auréas s’en est expliqué :
« Au niveau du calcul de la Lune Noire les positions corrigées représentent des étapes entre le passage du calcul de la Lune Noire Moyenne et le calcul de la Lune Noire Vraie.
La Lune Noire de Marc Bériault se classe dans les nombreuses Lunes Noires corrigées qui se limitent généralement au 2e terme (le 1er terme lié à “l’évection” astronomique d’une amplitude de 15,5° et d’une période de 31,8 jours est négligé dans les positions corrigées – le 2e terme a une amplitude de 9,6° et une période de 206J).
Les Lunes Noires corrigées qui me sont connues sont les suivantes :
a) La correction publiée par Henri J. Gouchon dans le Dictionnaire astrologique (Dervy-Livres), est de plus ou moins 5°.
b) La correction de 12,33° extraite d’un ouvrage astronomique de Bouasse. Il en existe des éphémérides (Guy Launay) (La Lune Noire, 1986, diffusion Arjuna).
c) La valeur usuelle pour la Lune Noire corrigée utilise une correction de 11,6° extraite par un astrologue du livre d’Astronomie Générale de Danjon (après de nombreux calculs il donne la valeur de 8,7°, puis de 11,6° dans une parenthèse immédiatement après et sans justification).
d) Des variantes à cette correction de 11,6° tentent de prendre en compte la forme non sinusoïdale de celle-ci. Par exemple, celle de Max Duval dans ses Tables de Lilith, Dervy-Livres, 1988.
e) La valeur proposée par Axel Harvey, dans Considerations in 3, 1988, préconisait quant à lui la valeur de 8,6° d’après l’astronome Tisserand Traité de mécanique céleste, Paris, Gauthier Villars, 1894.
f) La Lune Noire de Marc Bériault de 2000 correspond à la valeur e). Elle a donc une correction de 8,6° qui se rapproche de la valeur 9,6° du 2 e terme de la position “vraie”. »

Nous voyons là que nous avons affaire à des débats de mathématiciens où l’arbitraire semble avoir le dernier mot. Et face à l’arbitraire, mieux vaut s’en remettre à sa propre expérience du terrain.
De son côté, Joëlle de Gravelaine qui fut avec Jean Carteret une spécialiste de la Lune Noire, s’est exprimée clairement sur ce sujet dans son ouvrage : “Le retour de Lilith” aux éditions Espace Bleu, à la page 11 du dit ouvrage on peut y lire :
“Certains auteurs, utilisent la Lune Noire corrigée. Pour ma part, depuis plus de vingt ans, je place la Lune Noire non corrigée dans les thèmes, après avoir pendant dix ans, comparé les deux positions systématiquement”. 
N’étant pas, spécialiste ni même amateur de Lune Noire, de ce fait, cette situation me place d’emblée dans une position d’impartialité et d’objectivité. Cependant, je dois reconnaître que j’ai obtenu des résultats très significatifs avec la Lune Noire Moyenne, c’est à cette fin que je partage l’idée de Joëlle de Gravelaine.
Enfin pour être tout à fait complet sur le sujet de la Lune Noire. A savoir qu’on désigne la Lune Noire Vraie, dans les éphémérides, par les termes suivants :

Français     : Lune Noire Vraie
Anglais       : Black Moon True
Allemand   : Schwarzer Mond Wahrer
Espagnol    : Luna Negra Verdadera
Italien         : Luna Nera Vera

Quant à la Lune Noire Moyenne, elle est mentionnée par les termes suivants :

Français     : Lune Noire Moyenne
Anglais       : Black Moon Mean
Allemand   : Schwarzer Mond Mittlerer
Espagnol    : Luna Negra Media
Italien         : Luna Nera Media
Frédéric Muscat

1 commentaire:

  1. Bonjour, merci pour ce savant article. Pouvez-vous m'éclairer plus précisément ce passage : « si par exemple cet astre est positionné à 11° d’un signe et que Priape se trouve à 12° il sera donc avant Priape. Et si la planète est positionnée à 13° d’un signe et que Priape se trouve à 17° du signe à ce moment-là on dira que la planète est positionnée après Priape. » ?
    Merci de votre attention.

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